Journée de la Déportation ce dimanche 30 avril : 57 déportés Diois le 27 décembre 1943 et 36 ne sont jamais revenus !

Chaque année, la commémoration des journées du souvenir, le dernier dimanche du mois d'avril est un moment important pour les communes de Vercheny, Barsac, Pontaix, Sainte-Croix et Die. L’occasion de rappeler la mémoire de la libération des camps de concentration et d’extermination nazis et de rendre un hommage à ceux qui ne sont pas revenus.

Chaque année, les communes de Barsac, Pontaix, Sainte-Croix et Die se souviennent du nom des 57 hommes de 17 à 30 ans déportés vers les camps de concentration le 27 décembre 1943 par la Gestapo.

Dans la nuit du 21 au 22 décembre 1943, un groupe de quatre hommes sous les ordres des FPT sabotent la voie ferrée entre Pontaix et Vercheny. À 7 heures du matin, un train de permissionnaires allemands déraille et prend feu à cause de braseros allumés à l'intérieur des wagons par les soldats pour se préserver du froid. La paille des litières aidant, un wagon citerne d’essence s’enflammera, 14 wagons sont incendiés, provoquant l’explosion des deux wagons de munitions. Douze soldats allemands seront retirés des décombres. Une quarantaine de blessés sont évacués sur Die et Valence où 7 décèdent. Soit au total 19 morts.

"Le bilan est lourd. Les représailles le seront aussi" soulignent les anciens FFI de la Drôme dans leur livre "Pour l'amour de la France Drôme Vercors 1940 -1944".

Quelques jours plus tard, le 27 décembre 1943, en représailles, les allemands allaient rafler 80 hommes dans les quatre communes les plus proches : Barsac, Pontaix, Sainte-Croix et Vercheny. Ils en retiendront 57 otages (56 Diois et un jeune homme de 17 ans venant de l'Ardèche), soit trois hommes pour chacun de leurs 19 morts.

Après avoir passé deux nuits et un jour dans les sous-sols de la Gestapo de Lyon (avenue Berthelot), ils sont transférés dans le camp de Royallieu à Compiègne.

Le 19 janvier puis le 22 janvier 1944, ces 57 hommes seront déportés en train depuis Compiègne vers l'Allemagne. Ils arrivent le 19 ou le 24 janvier 1944 à Buchenwald. Un mois après, les 22 et 24 février, quelques-uns sont transférés à Mauthausen, la majorité à Flossenbürg. Beaucoup iront au Kommando de Dora.

38 d'entre-eux sont morts dans les camps ou allaient mourir immédiatement après leur libération.

Comme le rappelait Jean Abonnenc dans son livre "Il n'est jamais trop tard pour parler de Résistance, "le Diois c'est 64 déportés et internés dont 36 morts dans les camps ; 104 morts civils et résistants torturés, fusillés, morts pour faits de guerre entre 1943 et 1944, venus y combattre ou y mourir".

Après guerre, les communes de Barsac (en septembre 1946), Ste-Croix (en juin 1947), Pontaix (en juillet 1947) et Vercheny en 1948 inauguraient des monuments au souvenir de ceux qui n'étaient pas revenus. Une volonté aussi de dire "plus jamais ça". "Plus jamais pareille entreprise d'avilissement et d'extermination de millions d'hommes par un régime concentrationnaire où la faim, le travail forcé, la brutalité sadique des gardes chiourmes, la torture, le typhus et les chambres à gaz se conjuguaient pour réduire à néant toutes les résistances."

Ces stèles traduisaient la volonté des anciens de la déportation de transmettre aux jeunes le message que ce monde libre et fraternel pour lequel ils avaient lutté, devienne une radieuse réalité."

En inaugurant le monument de Barsac, Jean Decorse, le président du Comité d'érection du Monument de Pontaix concluait son discours par ces termes à l'adresse de ceux dont il honorait la mémoire : "ils attendent de nous que nous réalisions cette fraternité française qui fut nôtre malheur, ils attendent de nous que nous travaillions d'arrache pied pour rester libres et que nous clamions au monde obstinément par dessus les frontières, par dessus les castes, par dessus les croyances, cet amour de la Paix et de respect de la personne humaine sans lesquelles il n'est pas de civilisation." (voir ci-dessous le discours complet dans le journal du 28 septembre 1946).

SLC


36 ne sont pas revenus !

BARSAC

BAUTIN René décédé le 17/03/1944 à Hradischko (Tchécoslovaquie).

DUPLAN Victorin le 12/04/1944 à 

Buchenwald (Allemagne)  

EMERY Henri le 04/04/1945 à 

Flossenbürg (Allemagne)  

IMBERT Élie dcd le 26/01/1945 à 

Ellrich (Allemagne) 

LAMANDE Albert Adolphe dcd le 20/12/1944 à Melk (Autriche)

LANTHEAUME Léon Paul Aimé dcd le 14/03/1944 à Buchenwald (Allemagne)  

LONG Maurice dcd le 04/05/1945 à Kalich (Pologne)  

MAGNAN Abel Georges dcd le 11/04/1945 à Hradischko (Allemagne)

Discours de Jean Decorse (le président du Comité d'érection du Monument de Pontaix) 

inaugurant le monument de Barsac.


PONTAIX

Simon BASTET, dcd le 13/03/1945 à Hradischko (Tchécoslovaquie)

Robert GROSLONG, fusillé le  11/04/1945 au camp de Hradischko (Tchécoslovaquie)

Michel MARCEL, dcd le 11/04/1945 à Janowitz (Allemagne)

Gustave NIER, dcd le 03/05/1915 à Flossenbürg (Allemagne)

Armand POULET, dcd le 20/07/1945 à l'hôpital de Valence des suites de son internement à Mauthausen en Allemagne.

Pierre JULLIEN à Pontaix mort des suites de son internement à Hradischko (Tchécoslovaquie)


SAINTE-CROIX

Paul BLUM, à Buchenwald (Allemagne)

Etienne CLEMENT, à Buchenwald (Allemagne)

Joseph CLEMENT, à Flossenbürg (Allemagne)

André CHAIX, dcd le 11 avril 1945 à Janowitz

Henri FRACHET, à Flossenbürg (Allemagne)

Pierre GIRAUD, dcd le 05/08/1944 à Flossenbürg (Allemagne)

André GRANGERON, à Mauthausen (Allemagne)

Gabriel JEAN, à Flossenbürg (Allemagne)

Roger TRUCHEFAUD, à Flossenbürg (Allemagne)

Fernand VIRET, à Buchenwald (Allemagne)

Julien VOULET dcd en mai 1945 à Sazz en tchécoslovaquie.

Courrier du Diois du 21 juin 1947


VERCHENY

ABONNENC René Joseph dcd 05/04/1944 Flossenbürg (Allemagne) 

BOUSTIE Jean  dcd 11/04/1945 Hraditsko-Pod-Meniken ( Tchècoslovaquie)

BOUVET René dcd 19/03/1944 à Flossenbürg (Allemagne)

BRUN André dcd 20/03/1944 Buchenwald (Allemagne)  

CHEVA Albert dcd 22/03/1944 Buchenwald (Allemagne)  

GALLOCHAT Eugène dcd à Buchenwald (Allemagne)  

GIELLY Aimé dcd 01/04/1945 à Mauthausen (Allemagne)  

GRANGE Maurice dcd   11/01/1945 Flossenbürg (Allemagne) 

MONGE André dcd 11/04/1945 à Janowitz (Allemagne)

HAGUENAUER Roger dcd à Mauthausen (Allemagne)

SVIHORIK Pierre dcd à Flossenbürg (Allemagne).


DIE

ALGOUD Roger (1923-2004)

Alors élève à Grenoble, il entre en Résistance à 16 ans. Arrêté avec des documents compromettants à la fin d’une liaison près de Grenoble mi janvier 1941, il est interné en France à la prison Saint-Joseph de Grenoble puis à à la prison Saint-Paul en juin 1941, puis à  Montluc, Lodève, Bergeras... Roger Algoud est déporté à Buchenwald en juillet 1944, il sera transféré au kommando de Plomnitz-Leau, creusant un souterrain-usine dans la mine de sel.

 

SAVIARD André

arrêté à Die puis déporté

VIGNE René

Lors d'une évasion de Toulon, arrêté par les Allemands puis interné dans un camp de déportation en Italie

LACOUR André

Prisonnier de guerre évadé plusieurs fois, repris, interné en représailles à Rava Ruska

BERNSTEIN Etoile et Fanny, juifs déportés, morts à Auschwitz

CAPOT Raphaël

Roger Algoud devant le Monument de Die lors d'une commémoration.

Ancien déporté, il témoignait dans sa tenue d'époque qu'il avait conservée.


Saint-Roman

ACTIS Henri (prisonnier de guerre, évadé plusieurs fois, repris, interné en représailles à Rava Ruska).


"Le Diois c'est 64 déportés et internés dont 36 morts dans les camps. 104 morts civils et résistants torturés, fusillés, morts pour faits de guerre entre 1943 et 1944, venus y combattre et ou y mourir." Jean Abonnenc - Il n'est pas trop tard… pour parler de Résistance.